"Il y avait à Saint Paul deux géants qui se faisaient face, deux titans minéraux, l'un noir, un bloc de serpentine et l'autre blanc, un bloc de quartz. Les deux connurent hélas le même destin. Ils furent la proie des carriers et donc les victimes de la dynamite..." Wikipédia
Saint Paul la Roche est un petit village, au nord de la Dordogne, perdu dans un décor de collines boisées et gras pâturages du Limousin.
Désigné sur notre dessin, par √2 = 1,1414, rien, absolument rien, ne signale La Roche comme point remarquable.
Pourtant jusqu'à l'aube du XXème siècle, deux gigantesques monolithes marquaient l'endroit :
L'un de serpentine, l'autre de quartz renfermant en son cœur une structure parfaite de quartz limpide.
Qu'est-il donc arrivé à ces deux géants auxquels des générations vouèrent un culte, semble-t-il un culte de fécondité ?
La réminiscence de cette dévotion est encore visible de nos jours.
Les habitants du lieu ont tous chez eux des morceaux de quartz; qui empilés dans le jardin, d'autres érigés en mini menhirs, ou pour les maisons plus anciennes, inclus dans la maçonnerie des murs.
Il est arrivé au quartz ce qu'il advient des dons que le Ciel nous octroie.... L'homme se sert avant de savoir si le cadeau offert lui est bien destiné.
Les porcelainiers de Limoges, puis les industriels de l'optique, ayant constaté les propriétés exceptionnelles du quartz de la Roche, quartz unique au monde, ultra pur, d'une part, mais aussi clivable, s'en sont emparés.
Il a été cassé, émietté, broyé pour ajouter au kaolin et obtenir ainsi une porcelaine dure et d'une blancheur exceptionnelle.
Leurs œuvres, quoique admirables, ne franchiront pas les millions d'années que le limpide cristal avait allègrement contemplées sans une égratignure.
Il était haut ce pic de quartz, visible à la ronde, il était plus élevé que le clocher du village.
Dans les annales, il est même précisé qu'on l'appelait "La Dame Blanche" et que lors de sa destruction progressive, il fut découvert qu'il avait servi d'ossuaire à des chevaliers templiers.
Cent petites années suffirent, pour que l'homme soucieux de ses œuvres, au détriment de Dame Nature, détruise et efface l'impressionnant monolithe à nul autre pareil.
Tellement exceptionnel de part sa structure, (clivage unique), que la NASA, après moultes recherches dans le monde, fit l'acquisition de ce que les porcelainiers avaient abandonné après soixante dix ans d'intense exploitation, barre à mine et pics dès 1903, puis à la dynamite et au bulldozer.
En 1973, en lieu et place du splendide obélisque, les engins et les convoyeurs eurent tôt fait d'anéantir la totalité du quartz restant, maintenant il subsiste une énorme cuvette profonde d'une quinzaine de mètres, jonchée ça et là de quelques restes épars, témoins silencieux de l'inénarrable bêtise humaine.
Cette borne terrestre, bien que morcelée, pulvérisée se promène sur toute la planète en vaisselles et objets d'ornement.
L'ironie de la chose, c'est que les ingénieurs de la NASA, l'ont utilisé pour réaliser les hublots de leurs vaisseaux spatiaux, ainsi, deux cent millions d'années après sa naissance sur Terre, le magnifique quartz voyage autour de celle qui fut sa Mère.
