Avant d'être un écrivain pour que l'écrit transmette la connaissance au delà d'un contexte de proximité, Monsieur Roger GUASCO est un homme qui porte une parole vivante, qui interpelle ceux qui ont la chance de le rencontrer. Il est de ceux pour qui la parole est un espoir, une liberté en dehors de toute structure, de toute école, de toute récupération.
Quelques questions lui ont été posées...

 

 

Q - Actuellement, l'homme est obsédé par sa santé. Il considère la maladie comme une fatalité. Qu'en pensez-vous ?

R -
La maladie n'a rien à voir avec la fatalité. Elle est très souvent fabriquée de toutes pièces par l'homme.
Qu'il s'agisse d'une maladie contagieuse ou d'une atteinte psychosomatique, l'humain a de toute façons en lui toutes les possibilités de défense, et dans ce contexte, si le médecin est utile, il ne doit être ni une fatalité ni une finalité. Je m'explique : tout va trop vite aujourd'hui dans la société. L'homme n'a plus le temps de s'adapter. Il subit trop d'agressions, bruit, pollution, surmenage, conditionnements...
Ces instructions multiples ont amené l'apparition de maladies nouvelles dites de « civilisation » : le cancer, les dépressions nerveuses, les maladies cardiaques.. Elles témoignent en fait de la mauvaise adaptation à un monde trop artificiel, un monde que l'homme refuse au plus profond de lui-même. Si l'homme comprend ce que ces maladies représentent réellement, il ne se contentera plus de soigner les symptômes par les tranquillisants, les drogues, le yoga. La maladie n'est plus un coup injuste du sort, elle devient une véritable sonnette d'alarme et dans ce sens, c'est le moyen pour l'homme d'évoluer, de s'en sortir. La maladie vue de cette façon, c'est le risque de l'homme du XXe siècle, et le risque, c'est la vie, c'est le contraire de la sécurisation à outrance.
L'homme possède en lui toutes les possibilités biologiques de défense et d'agression et peut ainsi décider du OUI ou du NON de sa maladie. Quant il dit oui, il abdique, il capitule, il ne croit plus en lui. Quand il dit non, c'est justement parce qu'il entend la sonnette d'alarme et qu'il décide de réagir, de démontrer les conditionnements qui lui font jouer la comédie 24 h sur 24.
Il peut en être maître de cette maladie mais pour cela, il faut qu'il ait confiance en lui. L'organisme et les anticorps sont alors suffisamment forts pour lutter, et il y a évolution dans le sens d'une compréhension qui lui permet de résoudre des conflits, et de se libérer de certaines contraintes physiques et mentales. A ce moment là, on pourrait presque dire que c'est la foi qui intervient et qui fait fonctionner le cerveau pour créer des anticorps.

De même quand à la seule vue du médecin, le malade est soulagé, c'est qu'il croit en son médecin et c'est bien de foi qu'il s'agit. Cette foi n'est pas hasardeuse du tout. On s'aperçoit que quand elle disparaît, la maladie empire et peut alors entraîner la mort.

Si la maladie est causée par un agent extérieur (piqûre, blessure, microbes), le processus est différent, mais l'homme n'a pas forcément besoin de causes externes pour être malade. On peut même dire que le plus souvent, il invente ses maladies, parfois il les invente par la peur...Certains médecins sont responsables des maladies de leur patients... Quand ils parlent de cancer à un malade, se rendent-ils compte que le malade est tout prêt à l'inventer ce cancer ? Actuellement, c'est la maladie qui effraie le plus l'homme et elle fait des ravages. La lèpre a presque totalement disparue parce que la peur de cette maladie a été remplacée par la peur du cancer.

Quand à ceux qui ne sont pas malades parce qu'ils sont bien dans leur peau, qu'est ce que cela veut dire « bien dans sa peau !» Cela signifie être en accord avec soi-même, me direz-vous ; l'inconscient est « bien dans sa peau », le sportif aussi, mais eux, évidemment, on ne peut pas dire qu'ils se posent beaucoup de questions !

Q - Peut-on faire le parallèle entre le comportement de l'homme dans son environnement et la maladie qui s'attaque à un organisme jusqu'à entraîner la mort et disparaître avec lui ?

R -
En effet, l'homme se comporte comme la maladie par rapport à ce qui l'entoure ; on se demande s'il n'est pas lui-même la maladie de la Terre.

Quand il est en équilibre, en harmonie avec elle, elle le tolère. S'il l'agresse en la détruisant, en la polluant, en se multipliant à outrance, l'acceptera-t-elle encore longtemps ?
L'homme est une finalité, un aboutissement. Aucun être évolutif n'a été mis en place après lui. Il pourrait donc vivre en communion avec la Terre, la comprendre, chercher à comprendre pourquoi il est là. Mais quand il vit en parasite de cette Terre, qu'il cherche à s'imposer à tout prix, qu'est-ce que cela veut dire ? Cela signifie qu'il est la leucémie de la Terre, qu'il l'asphyxie. Il la fait mourir par ses exigences de calories, de bouffe, de confort. C'est un véritable cancer.

Q - Alors, pour vous, l'homme est un être nuisible ?

R -
Il l'est en un fait qu'il se croit supérieur à tout ce qui vit sur Terre, il a le droit de vie et de mort sur les animaux, selon qu'ils sont domestiques ou sauvages, beaux ou moches, utiles ou pas. Il décide de tout cela. Il fait une atteinte totale à la liberté qu'on lui a laissée pour apparaître, pour exister. Cette liberté, tous les jours, il la retire aux autres. Et pourtant, il fait partie d'un tout. Le merveilleux de l'homme justement, c'est qu'il est issu de toutes les vies, de tout ce qui a exister sur Terre, même les pierres, les plantes, les coquillages... S'il avait compris cela, il serait moins nuisible, moins dangereux.

Dans la société, le croissez et multipliez est devenu un véritable mot d'ordre. On a pourtant retrouvé des écrits anciens qui disaient le contraire. De tous temps, des hommes ont crié "attention" et de tout temps on les a fait taire. Au départ, on peut comprendre le "Croissez et Multipliez" du lointain passé de la nation juive, minorité de pasteurs, par rapport à la nation égyptienne qui était une grande puissance. Mais après, cela devient aberrant. Et pourtant, l'homme a continué et maintenant c'est au nom de la consommation que sévit ce commandement.
Les religions ont instauré une morale, un soi disant respect de la vie, afin d'accroître le nombre de leurs adeptes, chacune voulant être la plus puissante. Cette multiplication excessive asphyxie la Terre entière, et tout ça, pour le plaisir de dire : " Nous sommes les Maîtres " !

Q - Que représentent alors les croyances actuelles pour vous ?

R -
Les premières croyances qui reconnaissaient les puissances de la Nature étaient beaucoup plus vraie que les dieux fabriqués et structurés il a 4.000 ou 5.000 ans. Ces cultes étaient peut-être utiles au départ et correspondaient à certains besoins ; maintenant, ils n'ont plus de sens, ils sont très matériels et imposent à l'homme une façon de vivre, de se comporter dans la famille, ils sont très fonctionnels. Ce sont des dieux hommes qui n'ont été inventés d'ailleurs que pour s'occuper des affaires des hommes.

Si l'homme avait regardé autour de lui, il se serait très vite aperçu qu'il n'était pas issu de ces divinités. La création est une liberté totale qui se manifeste dans toutes les formes de la vie et le fait que l'homme ait inventé des cultes très conditionnés et conditionnant, ça veut dire qu'il les a fabriqués à sa convenance. Il a rabaissé Dieu à dimension d'homme et celui dont il parle, c'est Polichinelle. Un Polichinelle qu'il a créé de toute pièce, où le bien se confond avec le mal, où l'argent a beaucoup d'importance, où il y a des chefs et des esclaves, où les privilèges de la descendance, du droit d'aînesse, de l'héritage, les droits de tout ordre régissent la société. Tous ces droits sont contraires à la liberté, contraires à tout ce dont l'homme a bénéficié pour pouvoir exister, car il oublie trop vite qu'il n'existe que par les autres.

En fait, ses idoles justifiant son comportement, elles n'ont rien à voir avec la réalité. La réalité, c'est la Création, l'oiseau, le prédateur, les fleurs. Et lui, l'homme, il épargne les fleurs qu'il aime au détriment des fleurs sauvages en mettant du désherbant... Il a supprimé 2.000 à 3.000 espèces de fleurs, simplement pour le plaisir d'avoir des grains bien triés. Il a trié l'ivraie avec du désherbant... C'est une économie de main d'œuvre... Mais il ne se rend pas compte qu'en agissant ainsi, il est en train d'aseptiser la Terre et aseptiser la Terre, c'est la tuer.

Il bafoue toutes les libertés et le paradoxe, c'est que si on en parle de cette liberté, on passe pour un illuminé. Quand les religions s'imposent, elles savent bien qu'elle sont fausses, que les origines dont elles se réclament ont été démontées par l'archéologie ; elles sont peut-être basées sur un savoir mal compris, mais pas sur une réalité. Actuellement, l'homme sait qu'il peut faire le tri dans ce qu'on lui propose. Il a la vérité à sa porte. Les dogmes au départ ont peut-être entrevu une puissance cosmique, mais ils justifient surtout un dieu-homme aujourd'hui ; ils se mêlent à la vie politique, se préoccupant du partage des terres. Maintenant qu'on arrive à une certaine compréhension de l'univers, grâce aux connaissances livresques et à l'intellectualisme, l'homme découvre que des dieux à la X ou à la Y ça ne tient pas debout du tout.

Puisqu'il se dit intelligent, il devrait accepter de les remettre en question et de se remettre en question.

Q - Est-il possible d'avoir une vision de Dieu en dehors de toute religion ?

R -
Oui, car toutes ces divinités qui interviennent dans tous les actes de la vie courante n'ont rien à voir avec la formidable puissance cosmique d'origine. Rendez-vous compte, pour cette force, notre système solaire ne représente même pas un atome, et on voudrait la faire participer à notre vie matérielle, à nos petits tracas de tous les jours, c'est absurde !

Qu'est-ce qu'on perdrait si on admettait de se remettre en question, si on voulait bien se demander une fois "qu'est ce que ça veut dire véritablement Dieu, qu'est ce que ça représente ? ". Personne n'y perdrait rien au contraire.

On pourrait espérer alors aller beaucoup plus loin.

Q - Mais pourquoi l'homme s'entête t-il, pourquoi ne veut-il pas voir autre chose ?

R -
L'homme est dans son caca et il veut y rester. Ce n'est plus un idéal qu'il recherche ; on s'aperçoit que le monopole qu'il veut conserver, il le revendique par la force et non par la compréhension. C'est l'homme qui espère qu'un jour, il remplacera la force qui l'a créé.

On s'aperçoit avec stupeur que certains dieux, tels qu'ils ont été conçus, représentent une vengeance de l'homme. Moïse avait fui l'Égypte après avoir commis un crime et en représailles, il a discrédité les idoles de ce pays. Les Égyptiens géraient la nation ; dans ce sens, ils étaient, aux yeux des Hébreux, de véritables dieux et quand le peuple des esclaves s'est délivré de leur emprise, il a pu penser qu'il avait vaincu une puissance supérieure. A ce moment, il a commencé à exister, à prendre conscience de lui-même et a acquis une certaine force. Et ensuite, les Hébreux ont continué à considérer que leur force, c'était la force contre Dieu, ils ont poursuivi la confusion entre leur maître égyptien et une puissance divine. Et depuis, ils ont toujours lutté contre la Nature. Pourquoi ? On ne peut nier que dans cette compétition, l'homme a fait un certain travail ; il a développé sa compréhension, il s'est affirmé. Mais ce qu'il aurait fallu, c'est que tout au long, il comprenne progressivement que ce qu'il découvrait ne lui appartenait pas. Qu'il reconnaisse que tout existe déjà dans la nature. Mais une découverte pour lui, il en est l'inventeur. Le trait de génie, il le revendique, il n'hésite pas, le génie c'est lui ! Il dit : « Je me suis endormi et paf ! Eurêka ! » Il admet qu'il a saisi une idée dans l'air, il sait très bien qu'il n'en est que le réceptacle, mais par orgueil il se l'approprie.

Le Professeur Is.. a dit que son but principal était de lutter contre la nature. Mais puisque la nature, c'est la création, il lutte contre cette création. Comment ces gens-là peuvent-ils dire qu'ils croient en quelque chose ? Le Messie qu'ils attendent est un super homme fabriqué de toute pièces, le superman, Goldorak des bandes dessinées, un super homme qui éventuellement sera maître de la galaxie.

L'homme qui impose sa doctrine à coups de cloches, de versets, de psaumes et de prières, cela n'a pas de sens. On parle d'amour, de bonté, de fidélité.. mais ces mots, que veulent-ils dire ? On peut les interpréter comme on veut, ils n'ont pas empêché l'homme d'être barbare, cruel. Depuis 6.000 ans il n'a connu aucune évolution mentale, il se croit le plus fort. Il s'est permis tous les excès, tous les abus et il continue.

Q - Tous ces débordements, ces bavures, n'ont-ils pas été le fait de minorités et d'exaltés ?

R -
Non, ils ont été réalisés avec la bénédiction du plus grand nombre. L'inquisition a été un véritable phénomène social, une corruption généralisée où calomniateurs, dénonciateurs, ceux qui punissaient et ceux qui profitaient de la punition en s'appropriant les biens spoliés, étaient complices. Les Cathares disparus, les Templiers ont été décimés avec la même ardeur quand ils ont eu terminé leur travail. Et plus, ça a continué. On ne peut pas dire qu'Hitler a imposé à toute une nation son point de vue. Non, il y a le bon vouloir de tout un peuple qui fort de sa puissance a participé aux horreurs que l'on connaît. Le communisme en a fait autant avec Staline ; de même quand les Européens ont débarqué en Amérique, ils ont massacré les indigènes avec bonne conscience. L'Irlande, Israël connaissent les même excès. Israël se dit héritier de certains territoires qu'il a quitté depuis plus de 3.000 ans. Ça ne tient pas debout ! A ce moment-là, les Wisigoths peuvent revendiquer la France et les Huns également...On se trouve confronté à un phénomène social de justifications, d'ambitions paranoïaques et dans ce contexte, ce qu'on peut appeler Dieu en tant que force cosmique et créatrice est véritablement remis en cause. Incontestablement, quand on tolère de tels agissements, on l'assassine. Quand on commet les pires cruautés en son nom, il faut avoir un sacré culot ! Qu'est-ce qu'il représente là-dedans, un désir de puissance, de domination alors qu'il est une force cosmique, ce n'est pas possible !

Q - Cette force cosmique, l'homme peut-il espérer la connaître ?

R -
Il faut bien comprendre que si cette force apparaissait dans sa totalité, sa puissance serait tellement énorme que tout disparaîtrait, la galaxie se volatiliserait.

Par contre, cette force peut se manifester très localisée, très limitée si l'homme la souhaite. Ce souhait, c'est peut-être l'espoir que tout homme a encore au fond de lui. Mais pour cela il faut qu'il comprenne le pourquoi de son existence. Il lui faut concevoir l'intellectualisation non comme un moyen de domination, mais comme une possibilité d'épanouissement qu'il utiliserait pour saisir le pourquoi et le comment des choses. Il saurait alors pourquoi il est l'aboutissement de l'évolution. Il comprendrait qu'il est issu de tout, que de génération en génération, par des mutations successives, il est arrivé là où il est. Il a été le protozoaire du départ...Il est fait pour comprendre ce qu'il a été au départ, à quoi ont servi toutes ces mutations, quels souhaits les ont fait apparaître...A ce moment-là, il fait partie du tout et tout le monde sert à tout. Toutes les compréhensions sont utiles, celle du malade, du bien portant, du beau, du moche, du riche, du pauvre. Alors on comprend que chacun puisse espérer ne pas avoir été inutile.

Si on comprenait le pourquoi de notre présence sur Terre, on en serait heureux et on respecterait toutes les vies, au lieu d'essayer d'être les maîtres du monde. Cette furie de vouloir égaler la Création est insensée puisqu'on tue tout pour pouvoir dire qu'on rivalise avec elle. Et les bombes atomiques, c'est le comble de l'absurdité ! On ne comprend même pas que l'homme ait osé les fabriquer. C'est monstrueux en soi car maintenant qu'il en a des stocks, sous le couvert de la dissuasion, ça veut dire que s'il y a une guerre, il détruira la Terre mais au nom de quoi ? Quel acte de propriété l'homme a-t-il dans sa poche pour oser détruire ?

Q - Est-ce que certains hommes ont accédé à une compréhension cosmique ?

R -
Jésus s'est cru dépositaire d'une puissance alors qu'il ne l'avait pas. S'il avait en lui une parcelle de cette force cosmique, il ne serait pas mort crucifié. Un dieu ne peut être crucifié. S'il avait eu cette puissance en lui, les gens qui l'auraient seulement touché auraient été foudroyés, le seul fait de penser à tuer les aurait fait mourir. Qu'ils aient pu se saisir de lui prouve qu'il n'était encore qu'un homme, peut-être en passe de devenir quelque chose, mais à ce moment là, il n'était que l'espérance de cette chose.

Les religions ont beau dire que la mort de Jésus était nécessaire pour racheter les hommes, sa crucifixion a été un échec et on a assimilé Dieu à cet échec. Comment est-ce concevable ? L'homme est prêt à tout pour justifier ses faiblesses.

Les religions telles qu'elles ont été reprises par Pierre, Paul ou Jacques n'ont fait que confirmer les croyances juives où les commandements géraient une société essentiellement patriarcale et où la femme ne jouait aucun rôle. Si la femme a été créée, ce n'est pas pour ensuite être mise à l'écart. Biologiquement, c'est elle qui donne la vie, ce n'est pas le mâle. Le fait qu'elle soit écartée de certaines fonctions religieuses prouve bien le sectarisme de ces religions dont les divinités n'ont rien à voir avec un dieu universel.

En fait, ce que ces religions adorent, c'est la société. Elles ont inventé un super chef d'État qu'elles appellent Dieu. Moi, je l'appellerais aussi bien Alexandre, César ou Napoléon. On les disait issus de droit divin. L'Église était à leur disposition et ils avaient droit de vie et de mort. C'est le dieu massacreur et vengeur de la Bible.

La puissance cosmique peut apparaître dans l'homme s'il le souhaite, non dans le sens d'une intervention miraculeuse, mais dans le sens d'une compréhension, qui signifiera qu'un certain travail est terminé. Cela voudra dire que l'homme a compris le pourquoi des choses, et il n'était pas difficile aux prophètes d'annoncer la venue d'un Messie, dans le sens où l'histoire de l'homme ne peut se terminer autrement. Ce Messie pourrait représenter cette connaissance, cette compréhension mais dans le même temps, ça amène une mesure, une sagesse dans le sens où l'homme sait qu'il est limité dans son habitat, qu'il n'est pas question pour lui d'en détruire d'autres. S'il admet cela, il peut espérer survivre dans ce monde parce qu'il l'aura parfaitement compris. Et alors, il pourra souhaiter l'esprit, le créer de toutes pièces, l'enfanter même, c'est le terme exact, l'enfanter par la pensée.

Il est un fait que si à la fin du cycle, cette force cosmique peut se manifester, elle détruira ceux qui, à tour de cloches, à tour de messes, à tour de tubes à essais la refusent. Le paradoxe, c'est que ceux qui osent critiquer ces pratiques, on les traite de diable. Mais le diable, c'est ceux qui refusent l'évidence, qui ne pensent qu'à détruire !

Ils se sont fabriqué un dieu malléable qu'ils contrôlent même éventuellement, qui peut être défini par un pape ou un ayatollah. Bien sûr, c'est un dieu plus abordable que celui du cosmos, pour qui l'homme n'est qu'un homme et non le superman que l'on veut fabriquer avec les bébés éprouvettes.

Q - Le mot diable est généralement utilisé par les religions. Pour vous quel sens a-t-il ?

R -
C'est simple. S'il y avait un ordinateur où on pourrait mettre le oui et le non, la Vérité et la non-Vérité, on s'apercevrait que ceux qui se disent bons, en fait représentent le mal ou le diable si vous voulez. Ils crient « au fou ! » alors que ce sont eux les fous. La société telle qu'on la conçoit actuellement est déroutante. Elle refuse la vérité, elle impose des monopoles. C'est le communisme qui ne reconnaît pas ses erreurs. C'est Barre qui dit « Il n'y a qu'une politique, c'est la mienne », ce sont les présidents qui font des conneries et qui se justifient.
C'est l'atavisme du nom, du diplôme, de la fonction que permet de se croire supérieur aux autres.
C'est la justice de l'homme, code figé qui écrase l'individu. Cette justice ne se limite t-elle pas au reflet d'un clan ? Si tu lui appartiens, tant mieux. Si tu ne lui appartiens pas, tu seras le perdant tout le temps ! Elle est boiteuse, plus que boiteuse et c'est encore une lutte contre la vérité. Finalement, l'homme a la hantise de cette machine qu'il ose appeler légale et qui est foncièrement abusive.
La justice, c'est aussi une facette du diable !

Ce qu'il faut, c'est que l'homme comprenne bien que les idoles qu'on lui propose ne sont que le souhait de ce qu'il espère de la société.
Vous rendez-vous compte que cette société c'est le super diable ? Personne n'oserait même imaginer un diable aussi odieux. Le miracle, c'est de passer au travers, de s'en sortir sans plaies et bosses.
C'est le type qui arrive à la retraite et qui fait « OUF ! » non pas parce qu'il y est à la retraite mais parce qu'il a pu y arriver ; il a échappé à la délation, à la méchanceté, à l'incorporation forcée, mais à quel prix ! Il a fallu qu'il s'aplatisse., sa dignité, il a dû l'oublier. Il y est arrivé, certes, mais il n'est pas fier de lui... Elle le dégoûte un peu sa retraite, elle a un goût de vase... Non pas parce qu'il ne la mérite pas, mais parce que ce n'est pas ça qu'il espérait de la vie.
Pour en arriver là, il a été forcé de marcher à reculons, de se plier aux exigences de la société. Et puis quelquefois, il a laissé condamner des gens parce qu'il n'a pas eu le courage de dire « ce n'est pas vrai », parce qu'il était prisonnier du conformisme, parce qu'il tenait à sa tranquillité. Et finalement ! Il voit très bien que cette retraite qu'il espérait tant, elle ne la lui donne pas cette tranquillité...Au moment de la pesée finale, de la pesée de son comportement à tous les niveaux, tout au long de sa vie, il sait très bien que ce n'est pas du bon côté que va pencher le plateau de la balance.

C'est très important de savoir qui on est et qui on mérite. Il est un fait qu'actuellement, on ne peut mériter que les dieux qu'on nous offre. Le morceau de bois que le pape transporte sur son dos, que représente-t-il ? Le Pape, il faut bien qu'il lui donne une valeur à ce bout de bois ! Et Dieu, où le met-on dans tout cela ? Ce Dieu cosmique qui représente l'aboutissement de toute une compréhension.

Q - Mais alors, que peut faire l'homme pour ne pas avoir ce dégoût à la fin de sa vie ?

R -
L'homme pourrait être le scribe de la vie. En Égypte, le scribe était un personnage important. Il était le scribe de la vie, parce que, ce qu'il inscrivait, passait au-delà de la mort. En transcrivant tous les faits et gestes de l'homme, il leur donnait une signification. Ainsi, l'homme devenait responsable.

S'il voulait reconnaître son rôle, l'homme pourrait être le scribe du Temps. Je crois que cela suffirait à ses prétentions. Mais non, il veut être plus encore, il veut être Dieu quitte à le tuer. S'il pouvait inventer le secret de l'immortalité, il le massacrerait sans hésitation. C'est d'ailleurs ce qu'on voit dans certains films d'anticipation.

Q - En cette fin de siècle, l'homme qui se dit intelligent, comment ne se rend-il pas compte que cet état d'esprit est complètement aberrant ?

R -
Quand le cosmos a été créé, il était intéressant de savoir comment la vie allait pouvoir habiter cette dimension et il fallait bien qu'un être fasse le scribe de tout le travail qui s'est réalisé depuis quatre milliards d'années. L'homme, en haut de l'échelle, avec sa compréhension, son intellectualisme, aurait dû se limiter à cette tâche au lieu de vouloir s'imposer. S'il avait compris qu'il pouvait être le scribe de la Terre, il n'aurait pas songé un seul instant à s'inventer des divinités complaisantes et il aurait pu alors souhaiter la présence de cette force afin de s'incorporer à elle pour pouvoir continuer sa route vers une perfection. A ce moment là, ce n'est plus à une vision localisée que l'homme se réfère mais à une vision cosmique. Certains mythes d'ailleurs, ont fait passer ce message. L'Arche de Noé par exemple est un symbole : Noé, sa femme, ses enfants sont les représentants de toute vie sur Terre. Tout le reste est sous-entendu. Les animaux n'apportent rien de plus car ils sont déjà en l'homme. L'Arche symbolise l'homme avec tout ce qu'il a en lui, tout son acquis, sa compréhension et par là même, elle représente le moyen qui permet à l'homme de se sauver, de redémarrer une nouvelle société. Ces mythes ont été écrits pour le futur et peuvent être interprétés comme des prophéties.
Mais pour en arriver à ce stade, il faut un être capable de raisonnement, qui puisse faire le scribe et dire « maintenant j'ai compris et je veux que cette compréhension, la compréhension de toutes les vies successives qui m'ont précédé soit enregistrée et puisse servir à un nouveau départ ». Et c'est peut-être cela son désir du Messie, faire apparaître quelqu'un qui serait le réceptacle de sa compréhension et pourrait être le point de départ d'un nouveau cycle. Cycle qui se réaliserait dans l'esprit plutôt que dans la matière, où le corps, la possession, le sexe auraient bien moins d'importance.
Tout ce qui a pu freiner l'homme dans son évolution mentale, la barbarie, l'orgueil, l'égoïsme, s'il en prend conscience, il peut se transformer et remettre en marche l'évolution vers quelques chose de beaucoup plus parfait. Dans ce domaine, l'homme a un rôle important à jouer et tout le monde peut participer à ce travail. Celui qui a une belle voix comme celui qui n'en a pas, celui qui a du muscle comme celui qui n'en a pas, celui qui a des diplômes comme celui qui n'en a pas... En définitive, celui qui amène le moins, c'est celui qui se croit le plus : le superman, l'artiste adulé, le champion de tennis. A quoi servent-ils ? Savoir que l'un gagne un match en tant de sets, que l'autre va mettre tant de pitons pour arriver, en plein hiver, au sommet d'une montagne, alors qu'en été, il aurait pu y aller tranquillement, sans prendre de risques absurdes, sans performances.

Toutes ces vedettes s'écroulent et deviennent inutiles pour une compréhension à l'échelle cosmique mais elles sont très intéressantes pour des croyances idolâtres. Celui qui fait du marketing par exemple, il est plus con que n'importe qui !
Avant, il était camelot, maintenant c'est l'ingénieur commercial. La seule différence, c'est qu'avant c'était un pauvre type et maintenant il fait partie des privilégiés.
C'est celui qui dans le temps faisait du porte à porte en gagnant à peine le minimum vital ; maintenant, c'est un bourgeois parce qu'il a un « porte-feuille ». Mais l'homme, lui, a-t-il changé ? Est-il différent de l'assureur d'il y a 40 ou 50 ans. Non. La loi a changé et a fait un homme qui vend du vent obligatoirement, c'est tout. Tous ces gens représentent la société dans son absurdité, mais certainement pas une espérance pour le futur. Cette espérance, on peut très bien la situer. Il suffit de comprendre que l'homme par son savoir et sa compréhension peut être le scribe final.

A ce moment là, le physicien, l'ingénieur sont utiles. Il n'est pas question de renier leur savoir intellectuel s'il est bien utilisé. L'artisan, l'ouvrier, l'atomiste éventuellement s'il ne cherche pas à imposer ses centrales atomiques, tout peut servir à la compréhension si l'homme connaît le prix des choses. Mais quand il travaille bêtement en refusant de voir les répercussions néfastes de son boulot, quand il ne veut pas se remettre en question, il se ferme alors à toute compréhension et ne sert plus à rien, c'est ça le problème !

L'homme est vulnérable. Il n'est pas suffisamment lucide pour agir et juger en même temps. Tant qu'il n'aura pas conscience de cette faiblesse, il ne pourra être un scribe qui participe et impose en même temps. Ce n'est pas possible !

Il suffirait qu'il s'oublie, qu'il se mette à sa juste place dans la création cosmique pour que sa véritable fonction lui apparaisse clairement et en toute liberté.